L'ART-THERAPIE
L'ART THERAPIE
Peindre pour prendre conscience de ses contradictions, danser pour dédramatiser ses conflits… La création artistique permet avec l’art-thérapie d’accéder à des sentiments enfouis.
Parce que nombre d’entre nous hésitent à entreprendre une thérapie classique ou une psychanalyse, l’art-thérapie compte de plus en plus d’adeptes. Elle apparaît souvent, en effet, comme une chance nouvelle d’accéder à ses sentiments et à ses émotions refoulés « parce qu’elle travaille dans le “mine de rien”, en utilisant une stratégie de détour, une ruse qui permet de contourner les résistances au changement », explique le Dr Jean-Pierre Klein (L’Art-thérapie, Puf, collection Que sais-je, 1997), psychiatre et directeur de l’Inecat (Institut national d’expression, de création, d’art et de thérapie) de Paris.
Son principe ? Se servir de la création artistique (peinture, théâtre, danse, collage, modelage, photographie, marionnettes) pour pénétrer les problématiques inconscientes de l’individu et le conduire à une transformation positive de lui-même. « Le but, reprend Jean-Pierre Klein, est de partir, dans le cadre d’un processus créatif, de ses douleurs, de ses violences, de ses contradictions pour en faire le matériau d’un cheminement personnel. Du pire naît ainsi une construction, une production qui tend vers l’art. »
Historique
En France, il fallut attendre 1986, malgré une pratique bien antérieure, pour que le concept soit enfin reconnu par la communauté scientifique au cours d’un congrès international.
Déroulement d’une séance
Lors de la première séance d’art-thérapie, un entretien avec le thérapeute permet au patient d’évoquer son mal-être et ses attentes. Le déroulement des séances suivantes varie, lui, en fonction de l’art choisi, mais poursuit quand même toujours le même objectif : développer un langage symbolique donnant accès à ses sentiments enfouis pour pouvoir ensuite les intégrer. Prenons l’exemple de la peinture, la matière la plus fréquemment utilisée en consultation.
« Le premier rôle de l’art-thérapeute est de favoriser la créativité chez le patient qui, face à la feuille blanche, commence souvent par dire qu’il ne sait pas dessiner, explique Ariane Walker, art-thérapeute et artiste peintre. J’explique donc qu’il s’agit, avec les pinceaux et les tubes de couleur, de se laisser aller, de laisser faire sa main sans mobiliser son cerveau. » Pour contourner les résistances, certains thérapeutes proposent un thème : par exemple, les « quatre éléments », le « labyrinthe », la « signature », « l’arc-en-ciel »… Et plus rares sont ceux qui donnent un modèle à imiter.
En cours de séance, certaines personnes expérimentent ainsi des « surprises de conscience ». « D’un seul coup, le sens de leur production s’impose, poursuit Jean-Pierre Klein. C’est comme si une évidence longtemps secrète leur sautait aux yeux. » Cela peut être un souvenir oublié, une émotion longtemps refoulée, une association particulière d’idées… L’art-thérapeute a, dès lors, une fonction d’écoute pour soutenir la prise de conscience au même titre qu’un thérapeute classique. Cependant, certaines personnes poursuivent leur thérapie sans qu’aucune surprise n’intervienne, et cela ne signifie nullement que la thérapie n’évolue pas. Dans tous les cas, les fins de séances donnent lieu à un échange verbal entre le praticien et son patient. Après avoir achevé sa production, ce dernier est ainsi invité à parler de ce qu’il a ressenti durant la création, de ce que celle-ci lui suggère. Pour ce, l’art-thérapeute peut soutenir la réflexion en posant des questions toujours extrêmement larges pour ne pas orienter les propos du patient. Chacun doit pouvoir, en effet, poursuivre son cheminement à son rythme, sans être brusqué par des révélations qu’il n’est pas prêt à entendre.
« Notre rôle, conclut Jean-Pierre Klein, ne se situe donc jamais dans l’explication de l’origine du trouble du patient, en ce sens que nous ne proposons pas une interprétation des œuvres. » Il est inutile de s’attendre donc à des révélations du genre « rouge = agressivité » ou « mouvement vertical = phallus ». Ces raccourcis sauvages n’ont guère leur place ici.
Indication
Contre indication
L’art-thérapie est à éviter en cas de dépression profonde ou de phase de grande excitation. Elle est également déconseillée aux personnes possédant de grandes dispositions artistiques car rares sont ceux qui acceptent de mettre leur talent en péril pour mieux se rencontrer.
Quel art choisir ?
« L’art-thérapie ne doit se mouvoir ni dans la trop grande facilité ni dans l’expression taboue », explique Jean-Pierre Klein. A vous de trouver l’art du juste milieu, celui qui vous permettra de mieux vous explorer.
Théâtre, danse et conte :
mettant en jeu le corps, ces arts vivants permettent de rejouer ses conflits car « toute véritable deuxième fois est la libération de la première ». La danse figure symboliquement nos contradictions et renforce l’unité psychocorporelle. Le théâtre remplit une fonction d’exutoire tout autant que de dédramatisation. Le conte lu, mimé ou inventé exorcise angoisses, deuils, peurs et frustrations.
Marionnettes, masques, maquillage et clown :
ces techniques donnent une « voix » à toutes les figures de l’inconscient. La manipulation de marionnettes dévoile le refoulé en lui donnant la parole, le masque favorise la levée des inhibitions et des défenses, le maquillage confronte avec ses fantasmes et le clown encourage à jouer avec ses vulnérabilités.
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